Clarisse Thomas s’expose

Le 1er février, à la Boverie, y’avait le vernissage de l’expo Lisboa. C’est vraiment pas ma came ces inaugurations artificielles, alors pour éviter le massacre, j’ai anticipé. Je m’en suis concocté une perso avec le fascicule promotionnel de la Châtaigneraie, le Centre wallon d’art contemporain. C’est une oeuvre de Clarisse (Maman) qui a retenu toute mon attention. Ma démarche est pas très sexy, mais les vernissages c’est pas du tout mon truc. C’est toujours plein de discussions inutiles, de sourires tronqués et de bruits de verres qu’on frappe les uns contre les autres. On est pris dans un interminable déploiement de longs attrape-mouches dégoulinants. Tu peux voir les pauvres insectes s’y débattre avec obstination. Ils essaient de fuir ce qu’ils sont venus fouiner par excès de zèle ou par curiosité maladive. Ils finissent par crever de faim le long d’une coulée de cette colle jaunâtre qui pue l’oignon et qui te reste sur les doigts après des dizaines de rinçages.
 

Le 2 février. Pour compenser ce prologue, je file sur place. 17h24. J’arrive devant le musée. Je saute de ma bagnole. Le timing est serré. Je savais qu’ils avaient mis le paquet y'a quelques années pour la rénovation… Vu de l’extérieur, ça valait vachement la peine d’investir autant de fric. 27 millions d’euros, c’est environ dix (cent, mille ?) fois moins que pour le tram, et c’est même, tout à fait entre nous, dix (cent, mille ?) fois plus essentiel. Bon, je suis encore dans les temps, c’est ouvert. Depuis son guichet, la femme de l’accueil me salue. C’est au fond que ça se passe.
 

Après l’énorme porte, une énorme armoire à glace me sert de guide provisoire. « Le long couloir tout blanc, à droite ! » C’est vide, aucun pet, aucune mouche. C’est peut-être ça qui l’irrite ? Son propre écho ? Les parois de ce fameux couloir sont parsemées de formes en noir et blanc. Y’en a des qui flottent devant d’autres piquées au mur. Ça crée des vagues qui semblent vivantes quand tu passes devant. C’est une sorte d’expo en quatre dimensions. J’arpente le truc à la recherche de Maman. Une aquatinte sur cuivre imprimée sur papier Velin Johannot. Rien que la dénomination de la technique en jette.


Un aller-retour égoïste dans le couloir-galerie. Je m’arrête net devant l'objectif du jour. Il est encore mieux que dans le fascicule. Il a une putain d’âme. Une vie muette en mouvement qui émane des couches d'encres superposées. Comme si les souvenirs de voyage de l’artiste redevenaient communicables. Un dialogue mémoriel mystique qui apparait et disparait derrière un voile presque translucide. On est à côté d'elle dans son propre souvenir. Un peu plus loin, y’a aussi le Romuald qui me plait bien. Sur un relief de taches sombres, on voit un enfant de dos contemplant une vague de clair-obscur indéchiffrable. Je ne suis pas encore le « Crésus liégeois », mais quand ça viendra, je saurai où investir tout ce pognon.


C’est efficace, Lisboa. Ça va à l’essentiel. Dommage qu’on lui confie pas trois quatre galeries à la petite, elle est douée. Ça sent l’investissement, les heures de travail, les litres de sueur et puis la maitrise d’un savoir-faire complexe qui a traversé les époques. Pour sublimer ce qu'on essaie de recracher avec talent, il faut encore comprendre l’histoire de l’artisanat qu'on est en train de transformer. Ça devient de plus en plus rare. Ici, ça contraste. On peut souffler. Ça change de l’inondation de débilités contemporaines qui polluent l’espace public en masse. Profitez-en, c’est jusqu’au 2 avril dans l’espace Jeunes Artistes. Et en plus ? C’est gratos.


Je sors du musée, ça drache. Direction les réseaux asociaux, je la contacte immédiatement pour pas rater l'achat. L’artiste ne déroge pas à la règle d’or de la convivialité de notre Cité ardente. On échange deux-trois messages pour convenir des formes. Le ton est simple. Le contrat est signé. Hop, dans la poche ! Je pourrais enfin bientôt organiser des vernissages dans mon salon, sans mouches à merde ni colle jaunâtre, mais là, je sais pas si ce sera gratos…

vincent
Vincent
Publié le 1 Mars 2023 par

Tu vas kiffer aussi

Dominique Van Cotthem

DOMINIQUE VAN COTTHEM, L’ÉCRIVAINE DE LA VIE

,n,nb,nb

LIÈGE EN FUSION AU PRIMITIV MUSIC

SIN

ASCENSION D’UN DUO AUDACIEUX : SOLEDAD KALZA ET SINA KIENOU

pur

PURAMIS : LA RÉVOLUTION DU TRAVAIL ÉTUDIANT

chili

CHILLY POM POM PEE OU 30 ANS DE ROCK

cam

COURTS MÉTRAGES D’ANIMATION AU SAUVENIERE

hghg

SKY SHOOTERS STUDIO : UNE ODYSSÉE CRÉATIVE

con

JEUNESSE CONNECTÉE ET DÉCOMPLEXÉE

scan

BOUCHES ÉMISSAIRES-JEUNESSE(DE) CONNECTÉES

Paul

Paul Delvaux à la Boverie ou l’art est-il gelé ?