
Rédaction : Fabienne Zutterman, Patrick Ndibwalonji Badibanga
Photos : Fabienne Zutterman
Ce jeudi 9 novembre 2023, en marge du Prix Saga, les amateurs de littérature découvraient le Prix SagaCité au Saga café. Leur point commun : Fabienne Zutterman, Finaliste aussi bien au Prix du premier roman qu’à celui de la nouvelle. L’autrice nous raconte sa nouvelle Le Griot liégeois.
Cette aventure a commencé lors de la publication de ma nouvelle Le Portrait aux Éditions Lamiroy, le 2 juin dernier. Mon éditrice, Émilie Kasongo, m’a alors transmis les informations sur le concours de nouvelles SagaCité 2023. Forte de ma première publication chez Lamiroy, j’ai eu très envie de tenter ma chance. Le sujet me semblait vaste. Liège... Quén' affaire à Lîdje ! Que choisir, le point de vue historique ? Mais je ne connaissais sans doute pas assez en profondeur l’histoire si riche de Liège pour me lancer dans ce thème.
Comme les lecteurs l’ont découvert dans mon roman, L’Afrique pour se perdre, j’aime écrire avec le cœur, c’est devenu mon style, mon mode d’expression, et je n’avais pas la moindre envie d’y déroger à cette occasion non plus. J’ai alors pensé à la population liégeoise. À ce bel arc-en-ciel de peuples que nous formons ici à Liège, aux petits quartiers qui forment des villages dans la ville, avec l’accueil et toute la convivialité que cela implique. J’ai ensuite songé à mon roman qui présente en toile de fond le Congo et Zaïre du début des années 1970. J’ai eu une pensée très douce pour mon ami Bonaventure, le petit garçon que j’ai connu là-bas et je me suis demandé ce qu’il aurait pu vivre à 20 ans en tant que jeune réfugié dans notre ville. C’était parti. J’ai pris Bonaventure par la main et je l’ai fait engager comme serveur au Saga Café, Place des Carmes. Je l’ai suivi dans le dédale des petites rues aux pavés inégaux, je l’ai observé, avec ses écouteurs aux oreilles, le pas dansant, les baskets presque ailées... J’ai imaginé sa musique, ses groupes liégeois préférés. Mon mari est un grand amateur de groupes rock locaux et j’en avais découvert quelques-uns sur les petites scènes liégeoises. Je suis allée sur la plate-forme Bandkamp, sur YouTube aussi et j’ai écouté, je me suis imprégnée. J’ai fermé les yeux et je suis devenue Bonaventure. J’ai ressenti ses émotions, le drame de sa vie et mes sentiments ont guidé ma plume. C’est ainsi que j’aime écrire.
J’avais eu la chance, quelques semaines auparavant, lors d’un événement à Bruxelles, de rencontrer Cheikhou Ba, un griot mauritanien que j’avais beaucoup apprécié tant pour sa musique, sa personnalité que pour ses engagements contre le racisme. Bonaventure s’incarnerait dès lors en griot d’origine congolaise, mais aussi liégeois d’adoption. C’est pourquoi j’ai donné à ma nouvelle le titre Le Griot liégeois.
Mais ce jeune homme ne serait pas un personnage entier sans ses rencontres avec les Liégeois. Je lui ai alors inventé des amis, un cousin, et surtout un client au Saga Café. Un client avec qui il allait nouer un lien très particulier, mais il faudra un jour lire la nouvelle pour savoir lequel...
J’ai l’intention de retravailler cette nouvelle et de l’envoyer aux Éditions Lamiroy pour la publication d’un opuscule. Si elle a obtenu la seconde place au Prix de la nouvelle SagaCité, je pourrai l’améliorer et, je l’espère, la rendre publiable.
