DOMINIQUE VAN COTTHEM, L’ÉCRIVAINE DE LA VIE

Rédaction : Cécile Botton

Depuis la sortie de son roman « Les eaux assassines », Dominique Van Cotthem, ne cesse d’être plébiscitée… Presse et libraires ne tarissent d’éloges sur son dernier livre, une mise en lumière les tristes événements de juillet 2021… Deux jours et une nuit au cœur du cauchemar dans la vallée de la Vesdre. Nous ne pouvions manquer une rencontre avec cette auteure liégeoise qui a déjà quatre romans à son actif dont trois furent couronnés d’un prix !

Habitant au centre de Chênée, l’auteure fut plongée au cœur de la catastrophe. « Je n’ai pas voulu être évacuée parce que je ne m’imaginais pas que l’eau puisse entrer chez moi. Et donc, j’ai été coincée deux jours et deux nuits dans ma maison avec deux mètres d’eau… C’était une fameuse épreuve, mais je ne me voyais pas écrire sur ça à ce moment-là » confie Dominique.

En effet, plongée dans la rédaction de son troisième roman « Réparer nos silences », elle ne voulait pas abandonner son bébé… Celui qui lui maintenait la tête hors de l’eau, qui l’aidait à traverser cette terrible épreuve. Et puis, elle éprouve peu d’intérêt pour le roman-récit, ce qui l’anime dans l’écriture, c’est la fiction. Pourvue d’une imagination débordante, elle a l’art de nous plonger dans un univers systématiquement différent qui nous tient en haleine du début à la fin… Une fois commencé, impossible de lâcher un de ses livres !

Chez elle, c’est dans une valse de mots que prennent vie les histoires ! Un art de conter qui nous mène, nous emmène dans un monde suspendu qui prend aux tripes.

Et pourtant… « À un moment donné, je me suis dit qu’être séquestrée dans ma maison par la rivière, c’était très romanesque ! Et puis pour une fois, le criminel, ce n’est pas un humain, c’est carrément une rivière… » En se détachant de son histoire, l’idée d’écrire un roman choral creuse peu à peu son lit… « J’ai donné la voix à ces trois femmes qui ne vivent pas ma vie, mais qui vont être confrontées à ce que j’ai vécu… Plongée dans cette situation ingérable, elles ne devront rien lâcher pour protéger leurs enfants ou maman, car nul ne sait quand l’eau rentrera dans son lit ! »  Un flot de mots justes nous emportant au cœur de la tourmente, mais aussi de l’espoir… 

Obligée d’abandonner son magasin de fleurs pour des raisons de santé, Dominique trouve enfin le temps de s’adonner à sa passion pour l’écriture.

« En 2016, j’ai écrit un premier roman, en toute intimité, je n’en avais parlé à personne. Quand il a été terminé, j’ai demandé à une amie philosophe de le lire. » Suite aux conseils de cette dernière, elle envoie son manuscrit à un éditeur qui l’apprécie beaucoup et décide de le publier. Dans la foulée, « Le sang d’une autre » reçoit un prix littéraire, « le coup de cœur des lectrices », décerné par le magazine Femmes actuelles. « Donc, je suis allée à Paris recevoir mon prix des mains de Gilles Legardinier… Une expérience de dingue pour la petite Liégeoise qui avait écrit un livre se déroulant entre l’Espagne et Chênée …C’est ainsi que tout a commencé ! »

Découvrir les rouages de l’édition, la promotion, les émotions ressenties en voyant son nom sur la couverture d’un livre dans une librairie, lui donne l’envie d’écrire un second roman. Après quelques galères pour trouver un éditeur, elle rencontre l’éditrice de la maison franco-belge, Genèse Édition qui a eu un gros coup de cœur pour son manuscrit. « Je suis allée la rencontrer à Bruxelles, on s’est bien entendue et elle a publié « Adèle », mon deuxième roman qui a reçu le prix des librairies Club. »

« Réparer nos silences », son troisième roman, juste commencé avant les inondations de 2021, a permis à l’auteure de traverser cette période difficile. « Je me suis dit : accroche-toi à ce qui va bien… Alors, je me suis enfermée dans ma chambre où il n’y avait pas de chauffage et j’ai écrit ce roman qui a rencontré un très bon succès auprès des lecteurs. »

Et jamais deux sans trois ! Fin novembre, « Réparer nos silences » a reçu le prix des bibliothèques de Bruxelles « Soleil noir, jaune, rouge ». Nominée aux côtés de Jérôme Collin pour son livre « Les dragons » et de Michel Claise pour son livre « Code Kanum », Dominique n’imaginait pas du tout gagner ce prix, car ce sont les lecteurs des bibliothèques bruxelloises qui votent pour un de ces 3 livres. « Ne connaissant personne à Bruxelles, je ne pensais pas avoir des voies de préférence… Alors c’est une grande surprise et une immense joie de recevoir ce prix. »

Intarissable, notre conteuse passionnée poursuit : « Adèle » en 2022, « Réparer nos silences » en 2023 et « Les eaux assassines en 2024 » et un cinquième en cours, c’est un fameux défi que je me suis lancé ! » 

En effet, en pleine promotion pour son dernier roman, Dominique a peu de temps pour l’écriture. « Je n’ai qu’une envie, pouvoir enfin me mettre dans ma bulle et raconter cette histoire-là qui sera encore un roman complètement différent des quatre premiers déjà parus. »

Et puis dans un coin de sa tête, il y a l’envie d’écrire le fameux spectacle en lien avec « Les eaux assassines » qui mêlerait différents domaines artistiques comme l’art dramatique, le slam, la musique, … Nous n’en dirons pas plus afin de laisser du suspens à ceux qui n’ont pas encore lu le roman… 

Dominique n’entre dans aucune case, elle se laisse juste porter par les histoires qui la traversent et qu’elle a envie de partager. « Ce que j’aime, c’est raconter la vie, alors oui, il peut y avoir un meurtre, une enquête policière, énormément de suspense, mais il y a aussi de l’amour, de la résilience… je suis l’écrivaine de la vie ! »